Труди-карлик

Как обещала, рассказываю про недавно прочитанную книгу Урсулы Хеги “Trudi la naine”. Еще один отличный роман о национализме, фашизме, психологии в стиле “своя рубашка ближе к телу” и финальные крики “а мы были не в курсе” и “но мы же тоже пострадали, почему все сочувствие только им?” История происходит в маленьком немецком городке на берегу Рейна, где живет девочка Гертруда, которая так и не вырастает из уменьшительного “Труди”. Она – карлица, и в глазах окружающих ее не то что бы не существует, но она не дотягивает до статуса большого человека, и изначально исключена из общества правильных арийцев, что ставит ее практически в один ряд с евреями после прихода к власти нацистов. Труди видит все, что происходит в городке, оставаясь невидимкой. Ее не замечают, но она замечает все и задается вопросами, на которые ни у кого нет ответа.

Немножко цитат.

Во время сожжения синагоги:

En écoutant les gens discuter, elle remarqua que certains d’entre eux étaient scandalisés, mais elle fut estomaquée par la raison de leur émoi: le désordre et le gâchis, et pas l’injure faite à leurs voisins juifs. Tout cela contrariait leur passion de l’ordre, et, quelques jours plus tard, ils acquiesceraient lorsque Goering et tant d’autres Allemandes exprimeraient leur indignation face aux couts engendrés et poseraient la question : « Qui va payer pour tout ca? »

Размышления молодого гитлерюгендца на тему, как решить имущественный спор с матерью:

Cette absence manifeste de peur et de respect finit par convaincre Helmut qu’il aurait dû la dénoncer depuis des lustres. Le simple fait d’être sa mère ne la dédouanait de rien. Quels risques il avait pris en l’écoutant dauber sur le Führer et sur le parti ! Cela lui ferait du bien, pensa-t-il, de réfléchir à son comportement une fois qu’elle serait enfermée entre quatre murs. Le temps qu’elle revienne…
« Si jamais elle revient… » Il la repoussa, cette voix, une fois surmonté le premier cri de soulagement. Etre définitivement débarrassé de sa déception, de son amour, débarrassé de son angoisse et de son insouciance.
Si jamais elle revient… Non, ils ne la garderaient pas très longtemps. Et puis ? Il devait simplement lui administrer une bonne petite leçon. Une fois que Hilde et lui seraient installés dans les appartements de sa mère, elle leurs serait reconnaissante de pouvoir vivre à l’étage.

Когда евреев заставили насить нашивки с желтыми звездами:

Hilde fut frappée de voir le nombre de personnes qui étaient juifs, avec des cheveux blonds et des nez droits, comme elle. C’était comme si la judéité était une chose profondément ancrée en soi, qui pouvait être extirpée de chacun par une nouvelle loi et rendue visible aux yeux de tous par une étoile jaune. Elle se demanda ce que ferait Helmut s’il s’avérait qu’elle était juive. Bien sûr cela n’avait aucun sens car, après tout, elle ne l’était pas. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le visage méprisant de son mari devant elle, l’étoile jaune cousue à la hâte sur sa poitrine, juste au-dessus de son gros ventre.

Возвращение немецких солдат:

Malgré la belle unité de façade, Trudi voyait bien les familles brisées, et l’état second que nombre de soldats n’atteignaient que dans l’alcool, et la honte dans les yeux de certains femmes quand elles se promenaient au bras de leurs maris. Pour elle, la ville sentait la mort – presque plus que pendant la guerre -, et elle ne fut pas étonnée lorsque trois hommes se suicidèrent dans le mois qui suivit leur retour, ni quand la femme d’un officier SS se mit à pleurer un beau dimanche matin, au petit déjeuner, pour ne s’arrêter qu’à trois heurs de l’après-midi en se taillant les veines avec le rasoir de son mari.
« Pence plutôt aux belles choses de la vie », répondait-on à Trudi dés qu’elle racontait ces histoires.
« Ce n’est pas bon de s’attarder sur les mauvais souvenirs. »
« Ne reparlons plus jamais de cela, veux-tu ? »
« Personne n’a envie de revivre cette période. »
« Il nous faut aller de l’avant. »
Même ceux qui avaient toujours obéi à une exigence morale personnelle se protégeaient les uns les autres et s’énervaient quand on leur jetait à la figure ces années de guerre. « Nos hommes ont déjà suffisamment souffert… »
Ils ne comprenaient pas pourquoi Trudi Montang voulait remuer la fange, comme ils disaient, ils ne voyaient pas que, à ses yeux, il n’était pas question de fange mais d’un besoin de faire surgir la vérité et de ne jamais l’oublier. Non pas que le souvenir lui en fût agréable, mais elle avait compris que cette vérité, et tout ce qu’elle savait d’elle, l’accompagnerait à jamais et que personne ne pourrait échapper au fait d’avoir vécu à cette époque.

В книге масса интересных деталей, которые были мне ранее неизвестны: например, то, что евреи, которых фашисты в начале настойчиво выживали из страны, получали отказы во въездных визах от европейских государств, США и Латинской Америки. То есть, по-большому счету, их не хотел совсем никто и нигде. Сейчас об этом мало кто рассказывает. Стыдно, наверное.

Рекомендую всем любителям качественного чтения. И попробуйте сделать маленькое упражнение: представить себе, что дело происходит не в Германии, что герои – не немцы, что желтые звезды навешивают не на евреев. Перебирайте любые варианты. Очень освежает.

ЗЫ

Буду благодарна за замеченные опечатки во французском тексте.

ЗЫЗЫ

Отдельная благодарность Гале Гийом за этот чудесный подарок.